Une journée à l’affut des animaux au Parc Kruger

 

Au Parc National Kruger, en Afrique du sud, tout tourne autour de la faune; chercher des animaux, trouver des animaux, observer des animaux.  Dans cette savane, il y a deux moments importants, le matin et le soir. Entre les deux c’est un peu la fournaise, le désert, les kilomètres d’ennui, la savane qui s’étire à n’en plus finir. Pourtant certaines rencontres incroyables émergent de ces moments où on croit que toutes les branches sont des lions couchés dans l’herbe. Récit d’une journée les yeux rivés sur les buissons et l’horizon.

 

Le matin, le réveil sonne tôt que ce soit pour prendre la voiture à l’ouverture des portes du camp, vers 6h, ou alors avant 5h pour un safari guidé, nous ne partons alors qu’à 8h avec notre propre voiture. L’atmosphère est déjà très différente entre ces horaires, la nuit puis la brume grise du petit matin laissent vite place aux durs rayons du soleil. Aux portes des camps paissent souvent des troupeaux de fines impalas et des duos de phacochères agités, qui vont parfois jusqu’à pénétrer dans l’enceinte des camps. Nous sommes les témoins des luttes entre mâles antilopes qui, cornes contre cornes, font valoir leurs droits sur le troupeau.

Nous roulons un peu plus, décidons d’un chemin jusqu’au camp du soir, en essayant de l’adapter selon ce que les tours du matin ou de la veille ont vu, mais il n’est jamais sûr de voir les animaux.

Cependant, il y a des animaux incontournables. Les éléphants en font partie et se montrent tous les jours. Un mâle seul au loin qui remue sa trompe, majestueux dans sa solitude, ou un grand troupeau dont les jeunes surgissent devant la voiture dans un barrissement. Ces derniers sont moins impressionnants que les grands mâles mais avec leurs oreilles décollées dans notre direction, ils font bondir mon cœur et je passe la marche arrière. Le reste des femelles est derrière, en train de brouter dans la végétation. Nous les apercevons alors que mon cœur bat dans mes tempes. A droite et à gauche, elles arrachent des branches et les portent tranquillement à leur bouche. Nous finissons par prendre le large dans le chemin quand les jeunes se désintéressent de la voiture en priant pour qu’aucun autre pachyderme trop agité ne nous bouche la route.

En 5 jours nous avons eu notre content d’éléphants calmes et agités, de prêt comme de loin. Cette fois par exemple où nous voulons tourner sur un petit chemin mais rejoignons finalement un rassemblement de voitures repéré au loin et a priori occupé à regarder un animal. Face au soleil mais à bonne distance nous admirons quelques éléphants jouer énergiquement dans un plan d’eau. L’un d’eux sort avec fracas de l’étang pour chasser des nuages d’oiseaux qui ne font que l’énerver à se poser dans des arbres proches. Il les pourchasse et nous sommes heureux d’observer le spectacle de loin. Il fait au moins 3 mètres de haut et se déplace à toute vitesse, la trompe levée et les oreilles décollées. L’éléphant; l’animal le plus impressionnant des safaris, sans aucun doute.

La limite de 50km imposée sur les routes du Kruger ne permet pas de repérer les animaux de loin et la plupart du temps nous roulons à 20km ou 30km pour viser les tâches sombres au loin aux jumelles.Toute une faune se cache dans les herbes et il n’est pas si facile de la débusquer. Les girafes, par contre, se remarquent facilement. Elles sont nombreuses dans le parc Kruger, souvent accompagnées d’antilopes et de zèbres. Les girafes n’apprécient pas que les visiteurs soient trop prêts mais elles se postent souvent d’elles-mêmes à quelques mètres de la route. On a alors le loisir de voir leur langue enrouler les feuilles et les arracher pour les conduire jusque dans la bouche. Leur hauteur laisse songeur et leur regard est souvent intéressé au contraire de la plupart des éléphants qui ne nous trouvent que peu digne d’intérêt. De longs cils ourlent ces yeux qui nous dévisagent curieusement.

Les zèbres suivent souvent ces sentinelles des hautes herbes. Leurs rayures ne les rendent de toute façon pas difficile à repérer. Le soleil commence à taper fort vers 10h mais les zèbres et les girafes sont toujours au rendez-vous au bord de la route. Tant, qu’on finit par ne plus s’arrêter pour eux. Commence alors cette période du milieu de journée où les animaux se cachent du soleil dans des ombres inaccessibles à nos yeux. Quand nous commençons à être trop désespéré de ne rien avoir vu pendant une heure ou deux nous finissons par baisser la fenêtre à l’approche d’une voiture dans l’autre sens. Communiquer avec les gens est le meilleur moyen d’augmenter ses chances de voir des animaux. Certains sont très précis et retiennent le kilométrage exact depuis qu’ils ont vu un rhino, un lion, un éléphant. Ils sont d’une grande aide. Au faite du désespoir, nous quittons la grande route et nous nous enfonçons dans les chemins qui secouent et dans lesquels nous roulons à 20km/h par la force des choses. Nous prions pour voir des animaux, même un oiseau nous ravirait, mais surtout pas des éléphants qui déboulent devant la voiture.

Un petit troupeau de buffles finit par se dévoiler. Ils ruminent à l’ombre d’un bosquet d’arbres. Leur air belliqueux ne trompe pas sur leur avis quant à notre présence mais ils sont rarement agressifs en groupe. Nous nous rassasions donc de leurs cornes courbées, de leur façon de souffler fort par leurs immenses naseaux et de se déplacer lourdement à la recherche d’un brin d’herbe à croquer.

Le coin que nous parcourons ensuite est couvert de grands arbres idéaux pour la sieste d’un léopard et même si nous faisons de la quête de l’arbre à léopard une priorité, il est pratiquement impossible de les discerner dans les ombres et lumières de la canopée. A force de regarder la savane on se rend bien compte que certains arbres ne sont pas idéaux pour eux mais que d’autres leur servirait de parfait perchoir. Ce sont donc eux dont nous observons les ombres avec attention.

Ma passion pour les reportages animaliers forge aussi mon regard et alors que nous parcourons des kilomètres de savanes boisés nous entrons dans une plaine à l’herbe dorée. Je crois alors reconnaître le parfait habitat des guépards et sort même un vaillant « si on doit voir des guépards c’est ici ». Vous imaginez bien que si je vous parle de cela c’est que cela s’est avéré vrai. Je dégaine mes jumelles au cas où, alors que monsieur conduit (à vive allure, marre de ne rien voir !) et je scanne l’horizon. Je tombe sur une énième tache/animal qui m’intrigue apparemment assez pour demander à monsieur de s’arrêter. J’ai cru voir une chouette ou un animal posé dans l’herbe au loin, je ne suis sûre de rien. Après des ajustements, je crie estomaquée que je suis sûre que nous avons un guépard sous les yeux. Il est posé sur ses fesses et regarde la plaine derrière un petit buisson. Nous avons le plaisir de le voir se lever sur ses 4 pattes et d’avoir confirmation, si besoin il y avait, qu’il s’agit bien d’un guépard. Quelques voitures finissent par s’arrêter à notre suite et ils ont un peu de mal à repérer ce guépard tout de même situé à 100 mètres au moins (je suis mauvaise pour l’estimation des distances, estimez vous-même, les photos sont au maximum de mon 200mm). Bref, nous ne l’avons pas vu à deux mètres de la voiture, nous ne l’avons pas photographié sous toutes les coutures, mais c’est ce genre de sentiment qui rend unique le safari en solo. Le plaisir de débusquer des animaux sauvages qui ne font que vivre leur vie.

Dîtes moi que vous le voyez !

Lorsque nous finissons par nous éloigner, le jour s’achemine vers des heures plus clémentes et les gnous serrés dans l’ombre des arbres sortent de leur torpeur. Un escadron de jeunes phacochères chahute et détale dans un nuage de poussière. Nous faisons un écart prêt d’un étang et nous surprenons des hippopotames en plein jeu coquin. Les jumelles nous montrent ensuite un groupe de rhinocéros sur les crêtes au loin mais nous finissons par en  voir quelques-uns de plus prêt. Certains sont seuls mais on ne les voit pas d’assez prêt pour reconnaître leur espèce (rhinocéros noir ou blanc).

Ne nous manquent plus que les félins pour conclure ce big five. Nous commençons à compter les kilomètres et les minutes pour ne pas nous retrouver en dehors d’un camp quand les routes fermeront, quand nous tombons sur le festin de vautours. Cette scène, grand classique des reportages animaliers, est très impressionnante. L’odeur de la mort est bien là et les vautours gesticulent pour arracher des morceaux d’un animal que nous n’identifions pas. Un aigle bateleur est perché dans l’arbre qui surplombe la scène et attend son tour. Ce bel oiseau faisait partie de la liste d’animaux que je rêvais de voir en venant au parc Kruger. Nous aurons même a chance d’en revoir un en vol un autre jour, reconnaissable à sa face rouge et ses plumes noires et brunes.

Nous sommes un peu dépités car nous n’avons pas vus de lions durant nos journées au Kruger (ce qui me semble tellement improbable !) mais nous décidons pour ce dernier soir de partir sur quelques kilomètres en direction opposée à notre destination pour forcer le destin. Nous interrogeons un automobiliste et il s’avère qu’il est du genre précis et nous dit avoir vu un lion sur le bord de la route à 6.5km. Nous calculons le temps qu’il nous faudra pour parcourir la distance et revenir et décidons de tenter d’aller voir s’il est toujours là.

C’était le cas, il n’était d’ailleurs probablement pas prêt de bouger. Nous passons à 2 mètres de lui, vitre à moitié ouverte et captons son regard. C’est un jeune lion adulte et nous n’aurons que quelques minutes pour l’observer avant que nous soyons forcés par la nuit tombante à nous en revenir au camp, mais la rencontre est belle.

Je n’ai relaté ici que les expériences les plus marquantes de ces jours au Kruger mais nous avons aussi vu une tortue léopard (à défaut de grand léopard), d’innombrables oiseaux dont ces calaos qui n’ont qu’une seule envie ; se faire écraser par les voitures, d’autres espèces d’antilopes ; des koudous, des cobes à croissant…

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11 Responses

  • Nous avons passé 3 jours au parc Kruger, et vraiment, nous nous sommes régalés. La photo du jeune lion avec sa crinière nous ravi particulièrement car nous n’avons pas eu la chance d’en voir lors de notre passage. Cet article et ces belles photos nous rappelle d’excellents souvenirs. Merci pour le partage !

  • Ohlala ton article me rappelle tellement de souvenirs ! De notre côté on a jamais été matinal au Kruger mais on a rarement passe plus d’une heure sans rien voir. Il y a toujours au moins quelques impalas ! Nous aussi on a eu la chance de voir un leopard, tout pres de la voiture en plus mais on a pas eu le temps de sortir l’appareil photo qu’il était parti se cacher pour chasser des impalas. Ce moment restera à jamais gravé dans ma mémoire !

    • J’adore être matinale en vacances ! (mais que ne vacances ahah) Oui idem des impalas, zèbres et girafes, mais nous on attendait tellement les félins !
      Et sinon, c’est un guépard que nous avons vu au loin, pas de léopard pour nous, du tout 🙁 Ils sont souvent très furtifs !

  • Ohlalalalalala, mais ton article est juste fou dingue !!!!! Alors déjà, bravo pour tes photos… Elles sont d’une qualité et d’une netteté hallucinantes….. Les lumières et reliefs avec les différentes couches d’arbres sont aussi magiques… Et tu as réussi à capter toute la beauté des animaux, que ce soit de jour, ou même la girafe au coucher du soleil !! Ce voyage a dû être magique… Tu m’as littéralement transportée <3 <3

  • J’ai eu un peu de mal, mais j’ai repéré le guépard! 🙂 Merci pour ce récit d’une journée hors du commun, chercher et trouver de tels animaux dans leur milieu naturel… quelle expérience !

    • Ah génial 🙂 Je n’en croyais pas mes yeux qu’il s’agisse vraiment d’un animal !
      C’est ce que je préfère en voyage: les animaux dans la nature <3

  • Les articles de safaris, ça me fait toujours rêver et le tien ne déroge pas à la règle! J’aime beaucoup tes photos d’oiseaux (les autres aussi mais plus spécialement celles-là)!

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