Visiter Yogyakarta et tomber en amour

Je n’avais couché aucun mot sur nos quelques jours à Yogyakarta il y a maintenant un an. Les souvenirs qui me reviennent sont ceux d’une petite ville pas si petite à la circulation typiquement indonésienne, des familles entières sur des scooters, des poulets, des vaches à l’arrière d’un camion. Ceux d’une ville tranquille mais à la fois trépidante. Ceux d’une ville animée le soir, les éclairages fluo, la nourriture de rue divine, les concerts et les rassemblements artistiques mais aussi une riche histoire, des bâtiments qui tombent un peu en décrépitude, blancs pour lutter contre la chaleur ambiante et piqués de tâches noires. Mais aussi cet air qui vient de l’océan pas si loin, de la jungle qui couvre toute l’île de Java. Les temples perdus dans la campagne, les montagnes, les villages, les champs, les sourires.

 

Découvrir l’héritage du sultanat de Yogyakarta

Yogyakarta est une ville à part en Indonésie puisqu’elle est sous la gouvernance partielle d’un sultan encore doté de pouvoirs. Si vous examinez les cartes vous verrez qu’il s’agit du « Territoire spécial de Yogyakarta ». On ne se rend pas forcément compte de ce statut spécial mais la ville est pleine de vestiges de l’age d’or du sultanat. Ce doit être une des villes indonésiennes en dehors de Bali où il y a le plus de choses à voir.

visiter le palais du sultan à yogyakarta

voir les gardes du palais du sultan de yogyakarta 

Mais je dois avouer qu’il y a du bon et du moins bon à Yogyakarta. La ville en elle-même est trépidante et son cœur est charmant. Par contre, la principale attraction de la ville, le palais du sultant, est pour moi un peu surévaluée. Il y a un musée, des gardes royaux espiègles et un théâtre de marionnettes traditionnelles mais pas ce supplément d’âme à mon avis. La visite peut être guidée et nous avions choisi de prendre un guide car nous avions lu que tout était en indonésien.

Quand ta guide parle français... mais en fait non
Malheureusement pour nous, on nous a désigné une guide francophone de 80 ans. Un jour, dans sa jeunesse (ça en dit pas mal sur l’histoire de cette dame d’ailleurs), elle a dû parler un très bon français, mais avec l’âge son élocution et son accent ne nous ont permis de comprendre qu’une phrase sur dix. Nous avons donc vaguement compris ce qu’elle nous disait et les blagues graveleuses qu’elle nous faisait. On a bien rigolé après coup, mais si vous voulez vraiment apprécier votre visite du Keraton mieux vaut voir à qui vous avez affaire avant …

Un autre lieu joli à voir à Yogyakarta pour quelques euros est le Taman Sari aussi appelé Water Palace. Seuls les bains de cet ensemble lié à la résidence du sultan sont encore en état d’être visités. Ils manquent d’entretien et j’ai lu que beaucoup n’y avait trouvé aucun intérêt. Ils m’ont portant charmée avec leur vieux murs crème, la mousse au fond des bassins et les motifs noirs moisis sur les fontaines.

Yogyakarta face artistique

Autour de ces bains le quartier fait également partie de l’ensemble de la résidence du sultan même si les javanais en ont pris possession et y ont construits leurs maisons. Les petites rues sont piétonnes et il faut absolument aller s’y balader et explorer chaque croisement. Rien d’extraordinaire mais ici le charme de Yogyakarta est exacerbé. On y comprend aussi que Yogya est un fief d’artistes puisque les murs sont remplis de fresques de street art.

 visiter les ruelles charmantes de yogyakarta

visiter les ruelles de yogyakarta

 

Un autre endroit où voir du streetart et se balader est la rue Prawirotaman. Ce quartier est très animé d’un côté avec beaucoup de boutiques, de bars, d’hôtels et de touristes mais d’un autre côté tranquille dès qu’on prend les rues parallèles. Le quartier autour de Maliaboro est très similaire et tout en bas de la rue se trouve Beringharjo le plus grand marché de Yogya. Beaucoup de toc mais on peut y faire des affaires et éventuellement dégoter des batiks, ces tissus traditionnels. Pour trouver ceux de bonne facture il faut mieux se renseigner et trouver une boutique indépendante ou un atelier. Cela fait d’ailleurs partie des choses à faire à Yogyakarta puisque le batik est l’art traditionnel indonésien. Il existe des visites d’ateliers où l’on voit les artisan appliquer les couleurs à l’aide de différents masques de cire. Nous aurions voulu trouver un endroit où on pouvait voir toutes les étapes de la fabrication de ce tissu mais n’avons vu qu’une femme au détour d’une rue de Kraton occupée à teinter un tissu C’était déjà captivant du coup on est un peu déçu d’avoir manqué ça 🙁 On nous avait recommandé Winotosatro mais nous avions été incapable de trouver l’atelier à l’adresse indiquée. Dans la rue il y a aussi des affiches publicitaires qui font la promotion des ateliers de batik (on l’a compris un peu tard).

Les choses improbables ou originales à faire à Yogyakarta

Le marché aux animaux de compagnie de Yogya est assez dérangeant mais fait partie de la vie locale. Je ne dirais pas que c’est à faire à Yogyakarta mais c’est une curiosité du coin. Comme dans une vraie animalerie, les javanais repartent de Pasar Ngasem (le nom de ce marché) avec un lapin enfermé dans un panier tressé pour leur enfant . Mais on n’y trouve pas que des lapins et des animaux de compagnie classiques. Ces derniers sont d’ailleurs gardés dans des conditions assez effroyables. Des chiots et chatons « de race » ou non dans des cages rouillées, des hamsters entassés et les exotiques ne sont pas en reste. Mustélidés et félidés, chouettes et hiboux, aigles, tortues, singes, paons, pléthore d’oiseaux, serpents et poussins colorés. Je vous fais grâce des photos les moins agréables…

Les poussins colorés du marché aux animaux de Yogyakarta

Vous pouvez aussi essayer de pousser jusqu’à l’océan au sud qui n’est pas loin. Nous avions été jusqu’à un temple au sud, malheureusement fermé le jour où nous nous y étions rendu mais c’est toujours une bonne idée de prendre un peu le large et d’explorer les environs ! H. avait eu droit à sa première demande de selfie avec un indonésien et sa fille 🙂 Tous les européens que nous avons vu nous avaient dit que les indonésiens demandent des selfies avec les touristes, notamment à Borbudur et Prambanan mais ça ne nous est que très peu arrivé !

Dans le square Alun Alun Kidul se rassemblent de vieilles voitures décorées de néons. Insolite pour un tour le soir. Mais quand vient l’heure du dîner ou à toute heure du jour, laissez vous surtout surprendre par la nourriture de rue, on ne sait pas toujours ce qu’il y a dedans mais c’est à peu près toujours bon. Les brochettes de boeuf au satay, un délice ! Aux abords de la place Alun Alun Sor (au Sud Est précisemment) se trouve un des restaurants de rue indonésiens les plus renommés (avec tente, tables, serveur atypique et cuisiniers en plein air). Ça ne paye pas de mine, c’est bon et c’est très local, sur googlemaps ça s’appelle Special Bakmi dan Nasi Goreng Pak Pele et on dirait qu’ils servent uniquement le soir. Globalement tout les restaurants où on a mangé étaient bon mais je n’ai pas noté grand chose comme adresses… sorry !

 

Comment aller à Yogyakarta, s’y déplacer et se loger

Nous nous sommes déplacés à pied, en becak et en scooter. Les becaks sont littéralement les taxis indonésiens et il n’y a pas un endroit à Yogya où vous n’en trouverez pas. Cela fait partie de l’expérience indonésienne et il serait dommage de quitter Yogyakarta sans faire un tour en becak. Cependant, si vous aimez être indépendant le scooter est idéal. Il n’y a vraiment pas d’inquiétude à conduire en Indonésie, il faut forcément être attentif et conduire à vitesse raisonnable mais tout se passe bien, les indonésiens ont l’habitude des scooters.

Le meilleur moyen pour se déplacer à yogyakarta est le becak   

Trouver un logement à Yogyakarta est aussi simplissime. Il y a des hôtels et des guesthouse partout.  Nous dormions juste à côté d’une des attractions principale de Yogyakarta et du centre ville ce qui a forcément facilité les déplacements. Nous logions à l’Omah Konco, pas la moins chère des guesthouse mais pas la moins charmante et qui propose gratuitement un service de pick-up au train. Elle est située dans le Kraton, le quartier historiquement central qui accueille le palais royal, le Keraton. Je vous recommande ce quartier ou bien les autres quartiers à échelle de village de Yogya comme Pari et Maliaboro (en préférant ceux qui ne donnent pas sur la grande rue !)

Pour venir à Yogyakarta, nous avons pris le train depuis Probollinggo. Le trajet dure 9h et est très confortable, on voit la vie locale, on discute comme on peut avec les voisins, on regarde les paysages, le voyage passe vite ! Pour venir depuis Bali à Yogyakarta c’est encore un peu plus loin en train, il faut ajouter 5h jusqu’à Banyuwangui et traverser le bras de mer qui sépare Bali de Java. Mais bon si vous ne souhaitez pas vous arrêter aux volcans Bromo et Kawah Ijen et aller directement de Bali à Yogyakarta, prenez l’avion, ce n’est pas très cher.

 

Aller à Borobudur et Prambanan depuis Yogyakarta

La plupart des gens est attirée à Yogyakarta par les majestueux temples de Borobudur et Prambanan. Situés respectivement à 40 et 20km du centre ville, il est possible de les visiter tous deux en une journée via un tour ou par vos propres moyens. Soit en transports en commun avec les temps de transferts inhérents à ce type de transport, en becak ou en scooter/voiture. En transport en commun j’ai lu que vous en aurez pour environ 10€ pour deux. Une location de scooter pour 24h revient à peu près au même prix. En becak ce sera forcément beaucoup plus cher et ne parlons pas d’un service en voiture avec chauffeur, probablement 500.000 IDR la journée.

Nous avions pris notre temps pour les visiter puisque nous restions plusieurs jours à Yogya. Une matinée au temple Borobudur pour voir le lever de soleil et un après-midi à Prambanan pour voir le coucher de soleil. Borobudur est un temple bouddhiste à côté duquel il ne faut vraiment pas passer lorsqu’on visite Yogyakarta. Prambanan est également incontournable à Yogyakarta. 

Dieu éléphant et princesse à Prambanan

Prambanan est un complexe de temples hindous. Le temple principal est composé de différentes structures que les hindous considèrent comme les véhicules des dieux. Ils sont décorés de gravures qui racontent des légendes hindous et dans chacun d’eux se trouve une statue de dieu hindou (Shiva ou Ganesh par exemple).

Si vous avez de la chance comme nous, vous tomberez peut-être également sur des étudiantes en tourisme en travaux pratiques. Au début nous étions méfiants car ce ne serait pas la première fois qu’on nous proposerait quelque chose gratuitement que nous n’avions pas prévu de faire et qui s’avère payant. Elles nous expliquent alors qu’elles sont étudiantes et cherchent à pratiquer leur anglais et le contact avec les touristes. La visite du temple majeur fut du coup beaucoup plus sympa qu’elle l’aurait été sans explications. On se rend compte grâce à elles que l’histoire racontée sur les fresques d’un des temples est la même que celle qu’on a vu en danse à Bali, la fameuse île hindoue. L’ensemble des bas reliefs raconte un arc entier de la religion hindouiste, celui de Ramayana qui conte l’histoire d’un prince de l’hindouisme (une des figures de Vishnpu). Je suis assez fascinée par le style de ces gravures que je préfère largement à celui des artistes européens. J’essaye de ne pas trop toucher et d’en prendre plein les yeux. J’imagine ces lieux emplis de fidèles tels qu’on on a pu le voir à Bali. L’encens flotte dans l’air, les habits blancs se tâchent et les offrandes colorées fanent, quelques accords vibrent et sifflent. C’est ce que je préfère dans les sites historiques, imaginer une autre époque et m’imprégner de l’émerveillement que cela me procure.

Nous louer un tandem pour 25.000 IDR et nous sommes pris de 10min de fou rire quand on s’aperçoit que ce n’est pas si simple que cela d’en faire. Le complexe est assez étendu et nous pédalons de temple mineur en temple mineur. Certains sont à l’état de ruines à cause de l’activité sismique de la région et on se rend compte des efforts de reconstruction et de conservation sur le grand temple. Le volcan Merapi veille sur la ville et quand il se réveille, les dégâts peuvent faire perdre des millénaires d’histoire (ces temples datent de 800 AC)

Quand vient l’heure du coucher de soleil on s’assoit sur les parapets en face du temple principal et on regarde les gens arriver et s’installer sur l’herbe pour contempler le spectacle. Comme il y a un peu de monde, si vous voulez avoir une place sympa, mieux vaut arriver en avance. Quand le soleil descend sur l’horizon c’est beau et on profite.

 

 

Yogyakarta je t’ai adoré vraiment. 

 

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7 Responses

  • A 81 ans, n’ayant rien réservé, j’arrivais un peu inquiète à minuit à l’aéroport de Yogjakarta…Mais aussitôt le charme asiatique opéra ! Taxi, hôtel, bus, une foule souriante qui ne souhaite que vous aider, pour quelques milliers de roupies, quand vous êtes familiarisés avec le nombre de zéro, vous regrettez d’avoir donné si peu…
    Piscine devant ma chambre pour 9€, bekak qui me fait tout visiter, attendant patiemment que je découvre Kraton, château d’eau etc…et aujourd’hui je vous abandonné pour la visite des temples en minibus pour 10€
    Merci Yogjakarta

  • ah ah pas de chance pr la guide de 80 ans
    moi j ai pas osé faire de scooter
    j en fais pas en France alors pas envie d innover en Indonésie
    la seule fois où j ai utilisé le train en Asie c ‘était en Thaïlande de Ayutthaya jusquà Chiang Mai 12 h me semble bien

    • C’est toute une expérience le train en Asie, le scooter aussi tu vas me dire ^^ C’est tellement pratique de se déplacer en scooter, j’adore ça 🙂 A Paris c’est probablement différent…

    • Je n’avais pas du tout entendu parler de la mosquée souterraine, mais en cherchant un peu je vois que c’est sous le Taman sari où j’ai été ! Quel dommage je n’ai pas exploré en profondeur mais je me souviens d’y avoir jeté un oeil sans imaginer ce que c’était.

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