Tout proche des orangs outans à Sumatra

Voir des grands singes en liberté est une expérience hors du commun, un de mes meilleurs souvenirs d’Indonésie. Il est possible de voir des orang outans en Indonésie de très très près au parc national de Gunung Leuser sur l’île de Sumatra.

 

De la grimpette en forêt 

La rencontre se fait à partir du village de Bukit Lawang, après une nuit de sommeil dans une des jolies guesthouse, lever moyennement matinal et départ avec le guide obligatoire. La forêt est juste de l’autre côté de la rivière. Un groupe part à la même heure que nous du village mais d’emblée nous ne prenons pas le même chemin. De façon générale nous ne serons pas vraiment gêné par le monde pendant le trek. Notre guide, Josep, signale notre présence au gardien discret de l’entrée du parc.

bukit-lawang-pont-sumatra

VUE DU CENTRE DE BUKIT LAWANG, GUESTHOUSES PLUS LOIN SUR LA RIVIÈRE ET PARC DANS LE DOS

 

Nous remontons ensuite la rivière avant de nous enfoncer vers la forêt en passant par une plantation anarchique d’hévéa d’où coule le futur caoutchouc. Les indonésiens le recueillent en utilisant un bout de métal, de feuille ou de plastique qui fait goûter la sève dans un bol posé au sol. Cette culture introduit la forêt de Gunung Leuser et c’est une fois qu’on la dépasse qu’on entre dans la forêt primaire.

hevea-caoutchouc-sumatra

RÉCOLTE DE LA SÈVE DE L’HÉVÉA

 

Ça grimpe sévère au début et il ne faut pas glisser, les branches et les racines calent nos pieds et supportent nos mains tandis que nous nous hissons en haut de la colline. Le territoire du parc est constitué de nombreux vallons qui font que le trek est parfois assez technique avec des passages en montée et descente ou il faut se tenir pour ne pas finir sur les fesses. D’autant plus que la boue rouge glisse correctement. Très rapidement nous entendons le chant des gibbons, plutôt discrets d’habitude, et nous les voyons peu après se balancer de branche en branche.

gibbon-gunung-leuser-sumatra

GIBBON A MAINS BLANCHES

 

Nous voyons plusieurs autres espèces de singes dont des macaques et des singes bleus endémiques (Semnopithèque de Thomas) très curieux. Ces derniers descendent très près de nous et nous fixent de leur grands yeux. Leur visage est à croquer et ils ne sont pas farouches, nous avons tout le loisir de les observer. Nous rencontrons aussi plusieurs gros macaques moins rassurants qui vivent au sol et qui ne sont pas très effrayés par nous non plus. Par contre, leurs dents me rendent plus méfiante. Nous avons aussi la chance de voir des paons exotiques et un couple de calaos. Josep était tout excité de cette dernière rencontre puisqu’il es bien plus difficile de les observer que les orang outans, c’est toujours un plaisir de les voir si impliqués !

calao-gunung-leuser-sumatra

COUPLE DE CALAOS

semnopithèque-thomas-gunung-leuser-sumatra

SEMNOPITHÈQUE DE THOMAS
 

Rencontre avec sept orang-outans

Il y eu aussi bien sûr les orangs outangs, la raison principale de notre venue dans ce parc national. Nous rencontrons un grand mâle dans la première demi-heure. Au détour d’un chemin, dans notre angle mort, il se hisse à un mètre de nous vers la cime des arbres. Josep, complétement fou m’empoigne pour me retourner et me le montrer. Le grand singe grimpe rapidement et se cache dans un enchevêtrement de lianes qui le rend difficile à distinguer même s’il n’est qu’à quelques mètres. Ses larges joues rugueuses de mâle dominant sont par contre bien visibles. Saurez-vous le distinguer dans l’image ?

male-orang-outan-sumatra

GRAND MÂLE CACHE DANS LA VÉGÉTATION

La prochaine rencontre est celle d’une mère et son jeune petit. Nous sommes seuls lorsque nous les rencontrons et avons tout le loisir de les observer, plaisir que nous prenons pendant 20min avant qu’un autre couple de touristes nous rejoigne. Les femelles orangs outans du parc sont, pour la majorité de celles que vous verrez, des singes réhabilités, c’est-à-dire qu’elles connaissent l’homme puisqu’elles ont été secourues puis réintroduites. Bukit Lawang organisait même auparavant des séances de nourrissage (qui, même si elles sont toujours indiquées sur les guides de voyage, n’ont plus lieu) pour aider les orangs outans réintroduits. Les femelles que nous croisons descendent donc tout proche du sol pour récupérer des bouts de banane que les guides donnent. Cela permet de les aider et favorise l’observation. Lorsque le second guide nous rejoignit près de cette première femelle, nous avons de nouveau eu droit à un face à face grâce aux bananes de ce guide. Au total nous passerons près d’une heure à l’observer ! Son jeune reste par contre bien haut à jouer dans les branches mais on sent que sa curiosité est piquée par les humains que nous sommes.

 

orang-outan-gunung-leuser-sumatra

portrait-orang-outan-sumatra

FEMELLE ORANG OUTAN 

 

Nous croisons un deuxième grand mâle dans un papayer après le déjeuner composé d’un nasi goreng savoureux et plein de fruits frais. Nous aurions pu nous y attendre puisque nous avions entendu des bruits. Cependant ces cris auraient pu être ceux des guides imitant les animaux pour les appeler. Il s’aggissait finalement réellement d’orang outan ! Nous avons de la chance, nous profitons encore seuls de son observation. Il est tranquille, bien visible en haut de son arbre.

Enfin, nous croisons un trio d’orangs outans. Une mère, son jeune petit et sa plus grande fille. La mère n’est pas un orangoutan lamba , puisqu’on parle d’elle même dans le Lonely planet. Elle garde bien moins ses distances avec les humains que les autres et a mordu des dizaines de guides à la recherche de nourriture. Elle est au sol et ce n’est pas forcément très rassurant. Nous la regardons porter son bébé et observons sa fille évoluer avec curiosité près de nous. Finalement notre guide s’approche d’elle avec mon appareil photo, il y tient absolument, et il prend même quelques photos lorsque Mina, c’est son prénom, décide de nous suivre résolument alors que nous décampons prestement.

bebe-mere-orang-outan-sumatra

jeune-orang-outan-sumatra

duo-orang-outan-sumatra

guide-orang-outan-gunung-leuser-sumatra

bebe-mere-orang-outan-sumatra

MINA ET SON JEUNE INTRÉPIDE

 

Comment se rendre au parc de Gunung Leuser ? 

L’entrée dans le parc se fait dans le petit village de Bukit Lawang, construit le long d’une rivière et non accessible en voiture ni même en becak (enfin si au début, mais selon l’éloignement de votre guesthouse il faudra marcher). Pour rejoindre ce village il faut prendre un minibus de Medan (gare routière de Pinang Baris) ou bien si vous venez de l’aéroport comme nous, il faut prendre un minibus jusqu’à Binjai puis un second jusqu’à Bukit Lawang. Vous expérimenterez probablement les deux trajets dans tous les cas.

Aéroport – Binjai : Bus ALS orange à 40.000 rupiah par personne (et non plus 30.000 comme indiqué souvent), à horaire plutôt variable. Le notre partit aux alentours de 13h. Des personnes en charge de l’aide aux usagers vous indiqueront le bus et le chauffeur et son assistant sont aussi disponibles pour vous guider vers le bus où il est écrit ALS en toutes lettres.

foret-gunung-leuser-sumatra

JUNGLE AU GUNUNG LEUSER – A MEDAN ET BINJAI CE SERA AUSSI LA JUNGLE POUR TROUVER LE BUS…

 

Binjai – Bukit Lawang : Il est rare que le bus ALS dépose pile au bon endroit pour prendre le minibus vers Bukit Lawang. Vous devrez vous rendre sur la route principale (Jalan Lintas Timur Sumatera) et aviser un arrêt de bus. Des gens voudront vous faire monter dans leur minibus privé pour 20 fois le prix du collectif, mais refusez. Peu de gens parlent anglais mais vous pouvez essayer de demander aux gens qui attendent à l’arrêt si le bus pour Bukit Lawang passe ici. Si vous êtes au bon endroit il faudra peut-être prendre votre mal en patience parceque l’horaire du prochain est une information difficile à avoir. Il s’agit de minibus orange dont vous verrez d’autres exemplaires passer sur la grande route mais ils sont, pour la plupart, à destination de Medan ou d’autres endroits, l’indication est écrite sur une pancarte contre le pare-brise. Guettez celui pour Bukit Lawang et hélez-le en espérant que vous pourrez vous tasser pour monter dedans.

bus-bukit-lawang-sumatra

BUS DE BINJAI A LA GARE ROUTIÈRE DE BUKIT LAWANG

Sur ce trajet-ci nous n’avons pas expérimenté le minibus puisqu’un 4X4 s’est arrêté au bout d’un moment et nous a proposé de nous emmener puisqu’ils y allaient aussi. Nous acceptons avec joie et payons au chauffeur ce que nous avions prévu de payer au minibus, soit 30.000 à deux. Le prix du trajet a peut-être un peu évolué, en tout cas au retour sur le trajet en minibus de Bukit Lawang jusqu’à Medan (plus loin que Binjai), nous avons payé 22.000 rupiah.

Bukit Lawang- Pinang Baris : Derniers bus aux alentours de 16h, horaires variables forcément et mieux vaut le prendre du terminus puisqu’on prend des gens sur la route et qu’on n’est alors pas les mieux assis, voire pas du tout et que parfois on ne monte carrément pas! Le trajet est chaotique (on a alors apprécié tout le confort du 4×4 à l’aller) de par l’état de la route au début et par le trafic une fois arrivé à Medan (la fois où notre chauffeur a pris la voie d’en face pour sa voie afin d’éviter le bouchon…).

Où dormir à Bukit Lawang

Une fois arrivé à la gare routière Bukit Lawang, il faut se rendre jusqu’aux  guesthouses, en becak pour 15.000 rupiah et la fin de la route se fait obligatoirement à pied (ou scooter). L’enchaînement d’hôtels le long de la rivière est très mignon avec des guesthouses charmantes pour la plupart. Selon l’endroit où se trouve votre hébergement vous marcherez plus ou moins longtemps.

Nous avions choisi Nora’s homestay and Rainforest et avions une chambre à 50.000 rupiah (5€), la moins chère de tout notre séjour, pour la bonne raison qu’elle n’est pas climatisée. Par contre il y a un ventilateur et une moustiquaire au-dessus du matelas posé à même le sol. Tout est certes rustique mais charmant et bien entretenu ; la douche et le WC à chasse manuelle ne faisant pas exception. On peut manger au restaurant qui sert de bonnes choses à un prix correct et même prendre des cours de cuisine. Des fauteuils au bord de la rivière permettent aussi de boire un verre en se détendant au son de l’eau qui coule. Nous n’y sommes restés qu’une nuit mais nous y serions bien restés plus !

nora-homestay-bukit-lawang-sumatra

RESTAURANT DE NORA’S HOMESTAY AND RAINFOREST ET VUE SUR LA RIVIÈRE
 

Trouver un guide et une excursion

L’hôtel travaille avec un guide, Josep, qui nous avait été recommandé par des voyageurs rencontrés sur Java. Les guides sont nécessaires pour pénétrer dans le parc et je pense qu’il est possible d’en trouver de moins chers que Josep, mais nous ne regrettons en rien notre choix. Josep nous a fait voir tout ce pour quoi nous étions venu, il se démenait pour trouver les animaux et il était très sympa et jovial ! Le trek de 6h (demandez à commencer à 8h et non à 9h comme proposé car il y alors moins de monde sur les sentiers et plus de temps dans la forêt) coûte 35€. 45€ si vous décidez de revenir au village en bouées par la rivière.

Je recommande la deuxième option pour plusieurs raisons : Elle permet de rentrer plus profondément dans la forêt et donc de voir plus d’animaux, elle permet également de faire travailler une deuxième personne (les bouées sont montées à dos d’homme jusqu’à l’arrivée du trek) et c’est vraiment très drôle ! Par contre, ça mouille sévèrement ! C’est aussi très agréable après avoir sué dans la forêt car on a le loisir de se baigner dans l’eau fraîche en plus de se faire mouiller lors du rafting.

retour-bouee-bukit-lawang

RAFTING JUSQU’A BUKIT LAWANG – Source

 

Nous n’avons pas non plus regretté de ne pas faire le trek de deux jours puisque nous avions vu beaucoup d’animaux mais aussi parceque je ne pense pas qu’on fait beaucoup plus de marche en forêt en prenant 2 jours (forcément un peu plus la 1ère journée). La deuxième journée semble seulement dédiée à la détente et au retour en bouées. Je préfère me mouiller et me rafraîchir juste après l’effort personnellement.

 

Pour continuer de voyager en photos, le compte instagram est là pour ça !

11 Responses

  • Je tombe sur cet article que je n’avais bizarrement jamais lu, ou alors ma mémoire me fait défaut… Je le garde de côté, j’espère pouvoir vivre cette expérience de dingue un jour ❤️

  • Je garde moi aussi un excellent souvenir de mon Trek de 4 jours avec bivouac dans la forêt dans le parc Gunung Leuser. Ton article m’a rappelé à de bons souvenirs. Cool de voir que je ne suis pas le seul blogueur à apprécier la vie sauvage 😉

  • Bonjour Marlène,
    Un grand merci pour ton article qui donne un bol d’air. Ces animaux sont fascinant et majestueux. Tes photos sont sublime, tu as réussit à capter des moments magnifique et le tout avec une très bonne qualité d’image.
    Merci encore pour ce partage et pour toutes ses informations !

  • Cela me rappelle tant de souvenirs de voir tout ça. Sauf que ce n’était pas des orangs outans. ..
    Et du coup, y a t il un temps limité (comme en Ouganda ou Rwanda) pour observer les primates ? En effet ils sont bien habitudes à l’être humain mais normal avec tout ce qui se passe. Je ne connais pas ce coin de Sumatra et l’île même d’ailleurs. Connaît elle aussi une grande déforestation comme à Bornéo ? Sais tu combien ils restent d’orangs outans ? En tout cas c’est une expérience intéressante à faire alors. …Il faut en effet choisir le bon ranger à proposer ce genre d’expériences tout en respectant l’habitat et le bien être des primates.
    Super que tu aies pu voir aussi des gibbons.
    Merci Lauriane et à bientôt

    • Maintenant moi aussi je rêve d’aller voir les grands singes africains dans leurs forêts natales ! Au contraire de ces contextes, la réserve de Gunung Leuser n’est pas aussi strictement contrôlée et on peut rester un temps illimité avec les singes rencontrés au détour des chemins. Au début je voulais aller voir les orang outans à Bornéo mais pour des raisons pratiques j’ai préféré Sumatra. Le parc se situe dans la partie nord de cette grande île, où il y a eu le tsunami meurtrier de 2004. A Sumatra il y a également de nombreuses tribus qui ont conservé leurs coutumes (comme les Mentai). La déforestation est présente, les champs, les forêts de palmier à huile sont bien visibles de l’avion… Quant à dire si c’est pire qu’à Bornéo, je ne sais pas, mais en tout cas c’est un problème également important puisque l’île est l’habitat des très rares éléphants et tigres de Sumatra… Concernant le nombre d’orang outans, il est bien plus grand que celui des tigres, notre guide nous disait qu’il y en avait plusieurs milliers dans le Gunung Leuser !
      Au plaisir Marlène !

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.