Le dévouement de la dendrobate

Connaissez-vous ces petites grenouilles tropicales colorées et réputées venimeuses ? En plus d’être particulièrement photogéniques, ces grenouilles ont un mode de reproduction vraiment intéressant.

 

Ces amphibiens se retrouvent de l’Amérique centrale au nord de l’Amérique du sud et mesurent entre 2 et 6 cm de long, vraiment riquiqui donc. Vous pourrez rencontrer les spécimens vraiment venimeux en Colombie, au Costa Rica et au Nicaragua. Les autres espèces sont seulement un peu urticantes. Dans le doute ne les touchez pas mais ne vous méfiez pas outre-mesure 🙂 

dendrobate auratus main costa rica

PAS COMME CET HOMME

 

Les tribus amérindiennes utiliseraient la toxine sécrétée par certaines grenouilles pour chasser en induisant la pointe de leurs armes des sécrétions venimeuses.

Au Costa Rica vous verrez facilement Dendrobates auratus (ci-dessus) et Dendrobates pumilio (toute rouge ou rouge avec des pattes bleues) dans les endroits humides ou lors d’une pluie. En tout cas, j’ai eu cette chance plusieurs fois 🙂

dendrobate pumilio costa rica

Dendrobates pumilio

 

• Etape 1 du dévouement 

 

La femelle dendrobate pond ses œufs dans un endroit généralement sec, on n’a pas là une classique grenouille qui pond dans un étang, celles-ci pondent sur un substrat sec. Disons, une feuille. Le père fécond les œufs et un des parents ou les deux parents surveillent les œufs durant leur maturation. Ils enlèvent les œufs non fécondés qui pourraient pourrir et compromettre les œufs bien portants. Une fois que les têtards ont éclos, ils grimpent (oui, grimpent) sur le dos de leur père ou de leur mère qui les emmène dans un trou d’eau. Généralement le cœur d’une broméliacée que vous verrez toujours rempli d’eau en milieu tropical. Si l’espèce est cannibale, un seul têtard sera déposé par trou d’eau. Sinon, ils finiront tous ensemble leur développement.

Les 4 à 15 têtards font donc durement trimer leurs parents qui, malgré leur taille de quelques centimètres, doivent courir la campagne pour leur trouver une nurserie.

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BROMÉLIACÉE ET UN PETIT INSECTE DANS LE TROU D’EAU DU CENTRE

• Etape 2 du dévouement

 

Certaines espèces vont encore plus loin. Pour nourrir les têtards, la femelle passe chaque jour déposer dans le trou d’eau de chaque têtard un œuf non fécondé qui servira de nourriture au jeune. Donc pendant plusieurs semaines, la femelle retient l’emplacement de chacun de ses têtards et les approvisionne en pondant au total plusieurs dizaines d’œufs non fécondés. Les femelles parcourent également plusieurs centaines de mètres durant cette période. Si ça ce n’est pas du dévouement pour un animal aussi gros qu’un ongle !

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TÊTARDS SUR LE DOS DE DENDROBATES

 

 

• Dendrobate dans votre salon 

 

Saviez-vous qu’il existe des amateurs de terrariophilie qui élèvent ces animaux en captivité ? Ils leurs aménagent de micro-jungles d’une vraie beauté qui donnent un air tropical à leur salon. Ça ne plaira pas aux extrêmes défenseurs des animaux, mais j’aime beaucoup. Il suffit de se préoccuper de leur aménager un espace suffisant où elles peuvent se reproduire (ce qui est généralement gage de bien-être chez les animaux non domestiques mais nés en captivité) et se cacher quand elles le souhaitent. Au-delà de la présence des dendrobates, les plantes et mousses qui ornent ces terrariums créent déjà un peu d’exotisme dans votre salon !

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TERRARIUM A DENDROBATE

 

Ces animaux élevés en captivité ne sont généralement pas venimeux car leur poison proviendrait de leur alimentation dans la nature. C’est-à-dire qu’elles réutiliseraient les substances sécrétées par leurs proies pour leur propre intérêt.

Dans tous les cas, les animaux que vous élevez ne doivent jamais se retrouver dans la nature si elles n’en proviennent pas au risque de causer d’importants dégâts dans les écosystèmes (on en parlera plus tard de ça d’ailleurs…).

sources des images : caresheet.net // batraciens-reptiles.com // monster-souris.net // terrarium-construction.com

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2 Responses

  • Oh mais quelle belle surprise de trouver un article sur les dendrobates sur un blog de voyage. J’adore ces petites bêtes ! Et quelle joie j’ai eu dans voir de mes yeux dans leur habitat naturel en Amérique centrale.
    Merci pour ce moment de vulgarisation scientifique (en tant qu’ancienne étudiante en bio, ça me cause pas mal)

    Laura

    • Je suis aussi biologiste, j’aime la nature et les animaux alors j’avais très envie d’en parler sur cet espace très personnel qu’est le blog ! Je trouve en plus que ça se marie assez bien vu que s’il n’y avait pas de zoos ce ne serait qu’en voyageant qu’on les verrait ces bêtes exotiques 🙂
      Merci beaucoup pour ton commentaire Laura !

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